QUAND LES CITOYENS CONSTRUISENT L'ÉCOLE
DU FUTUR
Depuis plusieurs années le
débat sur l'Ecole traite essentiellement de questions
polémiques comme la baisse du niveau, l'effondrement de
l'autorité des enseignants ou la démission des
familles. Ces discussions mobilisent l'opinion, permettent
l'expression de points de vue contradictoires qui suscitent la
réflexion, mais ne font guère émerger de
propositions constructives.
De leur côté, les
partis politiques et les organisations professionnelles et
syndicales mènent des réflexions qui restent
souvent peu connues de l'opinion publique, élaborent des
programmes qui reprennent, dans bien des cas, des revendications
convenues. Les mouvements pédagogiques et
d'éducation populaire s'efforcent, parallèlement,
de bâtir des projets généreux mais qui,
malheureusement, restent assez généraux et ne
mobilisent pas suffisamment les acteurs de terrain et ne sont
guère entendus des gouvernants…
Au total, un risque existe que les
citoyens, les parents d'élèves et les
élèves eux-mêmes parfois reprennent
massivement des clichés éculés - « Les
enfants ne savent plus lire à cause de la méthode
globale… » « Il suffit d'augmenter les
punitions pour mettre les élèves au travail !
» - et ne se saisissent pas de la question de
l'École comme d'une question centrale pour l'avenir de nos
sociétés. L'ambiance est au fatalisme teinté
d'une certaine nostalgie pour « le bon vieux temps ».
Des questions cruciales comme l'articulation entre l'école
primaire et le collège, l'orientation, la sectorisation
scolaire, le rôle des professeurs principaux, la place de
la recherche documentaire, la hiérarchisation des
baccalauréats, etc. ne sont presque jamais abordées
sérieusement, alors qu'elles concernent tout un chacun.
Seuls les experts s'y intéressent sans que, visiblement,
leurs travaux n'inspirent les décideurs.
C'est parce que nous sommes
convaincus que cette situation n'est pas saine pour
l'École, pour la société, pour la
démocratie, et qu'elle n'est pas, non plus, une
fatalité que nous engageons ensemble, à partir du 3
novembre 2005 une opération d'envergure : QUAND LES
CITOYENS CONSTRUISENT L'ÉCOLE DU FUTUR.
Nous sollicitons tous les
enseignants, seuls ou en équipe, avec leurs
élèves ou avec des parents, en lien avec des
associations ou des partenaires s'ils le souhaitent et, bien
au-delà, tous les citoyens qui s'intéressent
à l'École et à l'avenir de notre
société… afin qu'ils élaborent des
contributions sur le thème : ce que nous proposons
concrètement pour améliorer
l'École.
Une série d'entrées
est proposée : niveaux d'enseignement, problèmes
transversaux, questions pédagogiques et
institutionnelles.
Les contributions doivent
s'inscrire dans un cadre formel précisé dans la
charte ci-dessous.
Au terme de cette opération,
le 30 mars 2006, deux démarches seront engagées
:
- D'une part, LE CAFE PEDAGOGIQUE préparera une
présentation exhaustive des contributions et travaillera
à ce que celle-ci soit disponible, sous une forme
définitive, fin août 2006. Elle sera, alors
consultable par tous sur son site.
- D'autre part, l'ensemble des contributions sera
examiné afin de dégager les perspectives les plus
intéressantes, originales et novatrices. Un ouvrage sera
ensuite construit à partir d'elles, par Philippe Meirieu
et l'équipe du CAFE PEDAGOGIQUE, en s'efforçant de
les présenter de manière ordonnée et
d'esquisser un véritable projet concret et constructif
pour l'école.
Ces deux démarches
convergentes et qui permettront de disposer, en même temps,
de très nombreux textes de référence (sur le
site du CAFE PEDAGOGIQUE) et d'une synthèse
opérationnelle (sous forme d'ouvrage) constitueront une
contribution originale dont pourront se saisir, tout à la
fois, les citoyens à tous les niveaux, les professeurs et
cadres de l'Éducation nationale, les organisations
syndicales et professionnelles, les mouvements
pédagogiques, les élèves et leurs
organisations… et, bien sûr, les hommes et les
femmes politiques qui brigueront nos suffrages et seront
invités à se positionner par rapport à ces
textes. Nous pourrons, d'ailleurs, impulser, à la
rentrée 2006, dans l'ensemble des régions de
France, des débats autour de ces propositions où
les politiques seraient amenés à se
positionner…
Il s'agit de s'atteler en commun
à relancer un véritable débat citoyen sur
l'École, un débat où les professeurs peuvent
être une force de proposition et contribuer ainsi, avec les
parents d'élèves et tous ceux qui sont
concernés par l'avenir de l'institution scolaire, à
construire une École plus juste, plus démocratique,
plus porteuse d'une véritable culture, plus formatrice de
citoyens et de citoyennes capables de s'engager dans la
construction d'un monde solidaire.
LA STRUCTURE PROPOSEE
Les propositions seront
structurées selon le plan suivant :
Des questions concernant chaque niveau d'enseignement
:
- Petite enfance et scolarisation : avant
l'école, quelle action éducative ? Quelle
école, à quel âge et pour qui ? Comment faire
en sorte que l'école contribue concrètement
à l'égalité des chances ?
- L'école élémentaire :
quelle organisation et quels programmes ? Quel rôle pour
les enseignants ? Quelle place de l'école dans la
cité, dans la commune, dans son environnement ? Quels
partenariats ? Comment garantir une école primaire qui
forme tous les élèves aux fondamentaux de la
citoyenneté ?
- Le collège : quelles finalités,
quels objectifs, quels principes de fonctionnement, quels modes
de regroupement des élèves, quelle organisation
?
- Les lycées : comment garantir vraiment
et enfin « l'égale dignité des voies de
formation » ? Comment éviter l'empilement des
connaissances, favoriser leur véritable appropriation ?
Comment articuler culture générale indispensable et
nécessaire spécialisation ?
Des questions pédagogiques :
- L'éducation au choix et l'orientation à
toutes les étapes de la scolarité : comment
former les élèves à une orientation lucide
conforme à leurs aspirations et qui ne se fasse pas par
l'échec ? Comment les préparer à apprendre
tout au long de leur vie ?
- La pédagogie : comment permettre aux
élèves de s'impliquer dans leurs apprentissages ?
Comment développer, dans le cadre de la transmission
même des savoirs, la formation du citoyen ? Quel citoyen
l'Ecole doit-elle former ?
- Quelle place pour la démarche documentaire
à l'école, au collège et au lycée
? Quelles articulations entre le travail des professeurs
et celui des documentalistes. Quels partenariats avec les
structures culturelles, bibliothèques, etc ?
- Quels usages pour les TICE ? Faut-il en faire
une discipline à part entière, l'intégrer
dans la technologie, favoriser son intégration dans toutes
les disciplines ? Comment ?
- Les évaluations, les examens et les
concours : quelle place, quelles fonctions, quelles
méthodes ? Comment faire évoluer la culture de
l'évaluation de l'Ecole ?
- Quelle ouverture sur le monde ? L'école
française a -t-elle à apprendre des écoles
étrangères ? Quelles adaptations sont envisageables
? Comment faciliter l'apprentissage des langues et cultures
étrangères ?
Des questions institutionnelles :
- Les programmes : qui doit les faire ? Comment ?
Comment les présenter ? Quelles contraintes sur les
manuels scolaires ?
- Missions, statuts et rôles des
enseignants : quelles missions fondamentales pour les
enseignants ? Comment penser leur « service » ?
Comment améliorer la gestion et le développement
des ressources humaines dans l'Éducation nationale ?
- La formation des enseignants et de tous les
personnels : quelles structures, quelle organisation,
avec quelles méthodes ?
- L'administration de l'Éducation
nationale : rôle des directeurs d'école, des
chefs d'établissements, des corps d'inspection, des cadres
à tous les échelons. Comment en faire des
facilitateurs au service de la réussite de tous ?
- Missions nationales de l'École, projets
d'école et projets d'établissement :
comment articuler l'équité de traitement due par la
République à tous les élèves et la
mobilisation locale des acteurs autour de projets ? Faut-il
augmenter l'autonomie des établissements ? Si oui comment
maintenir un pilotage national ?
- La sectorisation scolaire, l'enseignement privé
et la mixité sociale dans les
établissements : comment redonner à
l'École française sa fonction de creuset
républicain ? Quelle place doit y tenir l'enseignement
privé ?
- L'accueil de tous les publics : comment lutter
contre toutes les formes de discrimination, favoriser
l'égalité des genres et l'accueil des
élèves à besoins éducatifs
spécifiques ?
- L'École et les parents : quelles
relations entre les familles et l'école ? Quel travail en
commun, quelles collaborations dans l'intérêt de la
réussite scolaire et de l'accès à
l'autonomie de tous les enfants ?
- La place des associations et des activités
péri-scolaires : quelle articulation avec
l'École pour qu'elles contribuent à la
réussite de tous ? Quels partenariats pour la construction
d'une « société de la connaissance »
?
- La gestion des ressources financières au sein de
l'Éducation nationale : très
concrètement, au niveau de chaque école comme de
chaque établissement, quelles priorités
financières, quels transferts de dépenses, quelles
économies, quels investissements ? Comment garantir
l'égalité du droit à l'éducation pour
tous ?
LA CHARTE
Afin de faciliter la lecture,
l'interaction et la publication des contributions, les
contributions devront respecter les règles suivantes :
- Chaque contribution sera saisie dans une feuille de style
proposée sur le site spécial du Café
pédagogique à l'adresse http://www.cafe-leblog.net
et s'inscrira dans une des catégories ci-dessus.
- Aucune contribution anonyme ne sera acceptée : les
noms, prénoms, adresses et fonctions des contributeurs
doivent être précisés et vérifiables.
Toute contribution envoyée vaut autorisation de
publication, tant sur le site du CAFE PEDAGOGIQUE que dans
l'ouvrage de synthèse.
- Toute contribution doit contenir une ou plusieurs
propositions ; seraient exclues les contributions qui se
contentent de répondre ou de réagir à une
autre. Ne seront ni diffusées ni publiées les
contributions ne respectant pas deux règles
élémentaires des échanges humains : la
courtoisie et la bienveillance, par exemple celles qui
comporteront des attaques ad hominem, des insultes ou
invectives.
- Aucune contribution ne doit dépasser 3500 signes
(espaces compris).
- Toute contribution doit être construite sur le
même plan :
- Ce que je constate.
- Comment je l'analyse.
- Ce que je propose.